— Réveille-toi, c’est l’heure. Tu vas être en retard à l’école !
J’ouvre difficilement les yeux, ma mère secoue ma couverture et ma sœur proteste à côté de moi. Le bruit du trafic est déjà intense et le soleil éclaire la toile de notre maison.
Je m’habille rapidement avec ma jolie jupe plissée d’uniforme et ma chemise. Puis je m’assois avec mon frère sur le trottoir pour le petit déjeuner dans un bol métallique, j’en profite, je ne mangerais rien d’autre jusqu’à ce soir.
Je recule juste à temps quand un homme passe sur son scooter vrombissant juste devant nos pieds, suivi d’une coulée d’eau. Ma mère l’insulte abondamment en remettant son sari en place et en ramassant le pot qu’il a renversé au passage.
Presque toute l’eau est reversée, elle devra retourner en chercher au robinet du quartier. Je sais que c’est pénible pour elle, mais elle ne se plaint pas.
La vie est dure quand on vit au bord de la route, elle range les ustensiles de cuisine en place contre la toile de notre tente, là où elle cuisine à même le sol. Puis elle me fait mes tresses et me nettoie le visage avec un linge humide. Il faut être propre et bien habillés pour l’école, quelle que soit notre famille.
Je prends mon sac et part avec mes frères et sœur laissant ma mère à ses tâches quotidiennes. Mon père est déjà au travail depuis longtemps pour que nous puissions subsister. Je marche la tête haute dans les rues bondées vers mon école, mon espoir et ma chance d’une vie meilleure.
Ce petit texte est une des scènes de l’Inde qui m’a marqué. C’est quelques détails de vies comme celui-ci qui m’ont donné envie d’écrire un roman en Inde. Mon roman écrit pendant nanowrimo est lié à mon expérience en Inde et aux gens que j’y ai rencontrés.
Lors de mon premier voyage en Inde, j’ai été émerveillée de découvrir tout un pays si différent de ce que je connaissais. C’est vraiment un choc culturel, on se rends compte de ce qui est vraiment le minimum pour vivre et combien notre vie est paisible, luxueuse et aussi artificielle par rapport à la majorité des gens que l’on voit. Nos certitudes et nos façons de vivre sont directement confrontées à 1 milliard de personnes qui ne vivent pas comme nous, ne pensent pas comme nous.
C’est un grand projet qui me trotte dans la tête depuis plus d’un an et qui me tient à cœur. Je vous en dis plus bientôt ainsi que mon bilan du nano.